)))  QUAND J'ÉTAIS CHANTEUR
        
  de Xavier Giannoli

   

  • Comédie dramatique - 2006 - France - durée: 1h52 (+Bonus + CD)
  • Sortie à la Vente en DVD le 28 mars 2007
    Éditions Fox Pathé Europa
  • Prix de vente conseillé : 22 €
 
Articles sur Alain Chanone

SYNOPSIS

Aujourd'hui, la rencontre d'un chanteur de bal et d'une jeune femme...

POINT DE VUE
Depuis Alain Resnais , on connaît la chanson : la vie est quand même plus belle quand on la chante, ce que nous disait déjà Jacques Demy avec ses Parapluies de Cherbourg. Voilà le genre de cinéastes qui ont élévé cet art mineur (comme le disait Gainsbourg) et lui ont donné une certaine noblesse par le vecteur du cinéma. La chanson populaire a fait son entrée dans des films enchanteurs et enchantés avant de redevenir dans d'autres une ritournelle de salle d'attente que l'on entend souvent en arrière-plan de ces films qui ont peur du vide. Depuis quelque temps, on a pu oberver que la chanson a également suscité un intérêt particulier auprès des réalisateurs en tant que sujet, certains ont traités le phénomène de l’idolâtrie (avec notamment Johnny Hallyday en icône éternelle) : Love me de Laetitia Masson (2000), Jean-Philippe de Laurent Tuel (2005), Podium de Yann Moix (2004), d'autres, la vie des interprètes (La môme de Olivier Dahan); avec Quand j'étais chanteur, le jeune Xavier Giannoli se penche quant à lui sur un aspect particulier et délicat de la chanson populaire: son ringardisme.

C’est en pianotant sur internet que Giannoli a trouvé une source d'inspiration pour son 3ème film (après Les corps impatients en 2003 et Une aventure en 2004). En tapant «chanteur de bal populaire», il découvre le site d’un auvergnat : Alain Chanone. Chansons à la carte, bals, thé dansants, tours de chant en salles des fêtes ou en dancing, Alain Chanone et son orchestre chante Michel Fugain, Herbert Léonard, Michel Sardou, Frank Michael, Florent Pagny et bien d'autres encore... Mais Giannoli n’a rien d’un cinéaste satirique ou moqueur, c’est au contraire en toute sincérité et avec affection qu’il choisit de dépeindre la vie de ce chanteur de «seconde zone» (cf interview de Giannoli ci-dessous). Et pour mieux servir son projet, c’est en Gérard Depardieu qu’il va trouver l’interprète idéal. Massif central à lui tout seul (la réplique est dans le film !), Depardieu incarne à merveille Alain Moreau, ce quinquagénaire, séducteur essouflé qui s’accroche à son métier et qui chante pour continuer de vivre. Afin de parfaire le modèle, Giannoli a exigé de Depardieu qu’il chante lui-même toutes les chansons du film. Avec sa petite voix claire, notre gégé national s’applique et se transforme en véritable Top 50 des standarts de ces 40 dernières années, de Michel Delpech à Julio Iglesias, de Mort Shuman à Sheila.

L’autre habileté du cinéaste est d’avoir choisi Cécile de France pour incarner Marion, la jeune femme faussement fragile dont Alain Moreau tombe amoureux. Elle aussi porte une tristesse en elle. Divorcée, séparée de son enfant, elle cherche un refuge. Et cet amour qui va se développer entre eux sera distancié, hésitant, car elle est attirée par lui, par sa sincérité, sa générosité mais elle a peur de son image, celle du vieux chanteur de bal ringard. « Le ringard, c’est celui qui dure ! »i rétorque-t-il.

Bien sûr, on peut reprocher à Quand j’étais chanteur son côté mielleux, roman-photo sentimental, mais comme une bonne chanson populaire, on lui pardonne, car il touche finalement par sa sincérité et le plaisir simple qu’il donne.


Laurent Devanne

 

   
FICHE TECHNIQUE
  •  LE FILM
    Sortie en salles le 13 septembre 2006
    Présenté en Sélection Officielle au Festival de Cannes 2006
    César 2007 du meilleur son


    Réalisateur et scénariste
    : Xavier Giannoli
    Avec:
    Gérard Depardieu : Alain
    Cécile De France : Marion
    Alain Chanone : Philippe Mariani
    Mathieu Almaric : Bruno
    Christine Citti : Michèle
    Patrick Pineau : Daniel

    Directeur de la photographie : Yorick Le Saux
    Premier assistant réalisateur : Dominique Delany
    Ingénieur du son : François Musy
    Costumière : Nathalie Benros
    Chef décorateur : François-renaud Labarthe
    Compositeur : Alexandre Desplat
    Producteur délégué : Edouard Weil
    Distributeur : EuropaCorp Distribution
    Editeur DVD : Fox Pathé Europa


  •  LES DVD
    DVD 9 - couleur - PAL - zone 2
    Image & Son :
    Ecran: 16/9 compatible 4/3
    Format : 1/85
    Son: Dolby Digital 5.1 Français



  • BONUS :  

    * Reportage Le 7 à 8 d’Alain Chanone réalisé par E. Reitz

    * Dialogue au sommet (1995 - 7')
    court métrage de Xavier Giannoli avec François Cluzet, Marc Citti et Kad Merad

    * Quand j’étais réalisateur (entretien avec Xavier Giannoli)

    * Quand j’étais à Cannes, reportage pendant le Festival de Cannes 2006

    * Les Paradis perdus
    extrait d'un concert de Christophe à l’Olympia

    + CD de la Bande Originale du film :
    1. Bonsoir Et Bienvenue (Intro, Dialogues)
    2. Quand J'Etais Chanteur
    3. Le Chanteur Sur Les Affiches (Interlude, Dialogues)
    4. Pauvres Diables (Vous Les Femmes)
    5. En Place Pour Le Madison (Interlude, Dialogues)
    6. Comme Un Garçon
    7. Faut Pas Pleurer Comme Ca
    8. La Roucoule... (Interlude, Dialogues)
    9. L'Anamour
    10. C'Est Là Que Je Suis Bien (Interlude, Dialogues)
    11. Les Paradis Perdus
    12. Aimer La Vie
    13. Pour Un Flirt
    14. Save The Last Dance For Me
    15. Les Chansons Disent La Vérité (Interlude, Dialogues)
    16. Je N'Aurai Pas Le Temps
    17. Qui Sait, Qui Sait, Qui Sait
    18. Pas Envie De Crever (Interlude, Dialogues)
    19. Cendrillon
    20. Quand J'Etais Chanteur - Suite
    21. Vous Connaissez Raël (Outro, Dialogues)

EXTRAIT DE DIALOGUE

 

Alain : Vous voulez venir chanter quelque chose?
Marion : C'est pas mon truc, merci.
Alain : De la scène, on voit les couples se faire, se défaire... Et je suis sûr qu'en regardant bien les mouvements des danseurs sur une piste de bal on en comprendrait beaucoup plus sur les gens et le monde...
Marion : Vous êtes philosophe?
Alain : Mais non, je suis philosophe de rien du tout mais vous m'aidez pas tellement... Allez on va chanter... Pour moi...
Marion : Vous êtes un petit peu lourd, là, non?
Alain : C'est pas faux.

 

INTERVIEW DE XAVIER GIANNOLI

D’où vient l’idée de Quand J’étais Chanteur ?
Je me rappelle d’abord de mon père, debout dans la cuisine, interprétant des chants corses ou de l’opéra. Mon père chantait tout le temps, du matin au soir. Il y a aussi Christophe, le génial créateur (à l’époque en veste blanche) des Paradis perdus. Je le connais depuis l’enfance. C’est lui qui m’a montré mes premiers films sur son projecteur 35. Il est toujours très important dans ma vie. Alors le film est bien sûr traversé par tout cela mais d’une manière oblique...

Est-ce que vous connaissiez l’univers des bals ?
Pas vraiment. De vagues souvenirs de vacances…rien d’intéressant. J’étais même un peu comme dans la chanson de Brel : « Et puis j’ai horreur de tous les flonflons, de la valse musette et de l’accordéon ».
Bref, j’avais de bons gros à priori bien imbéciles.
En même temps j’étais attiré par ces gens qui vivent avec les chansons. Est-ce que je pourrais faire du cinéma dans ce monde-là, aujourd’hui ?

Le plus délicat était-il de ne pas tomber dans la caricature ?
D’abord en refusant le pittoresque, la moquerie ou la démagogie «popu», qui n’a rien à voir avec le populaire... Alors j’ai fait une enquête, un petit documentaire, et j’ai fini par rencontrer Alain Chanone, un chanteur de bal en Auvergne. Il fait les bals, les comités d’entreprise, les thés dansants… Il a été ouvrier chez Michelin et maintenant il aime dire qu’il est «mondialement connu à Clermont-Ferrand». Il a pas mal d’autodérision et surtout il est sincère, honnête. Le cliché de l’aigreur a ainsi tout de suite été évacué. Alain a sans doute des douleurs cachées, parfois ça se sent dans sa voix... Une belle voix, rien de plus, rien de moins. Comme disent les ados : « Il ne se prend pas pour un autre ». Je repense à un quotidien venu sur le tournage pour faire un reportage. Ils ont décrit Chanone comme un « chanteur de seconde zone ». Il a été meurtri, blessé. Il m’a demandé : « Pourquoi ils ne disent pas simplement chanteur de bal ? Je n’ai jamais eu d’autre prétention...». Ce cynisme, ce mépris et cette maladresse sont exactement ce que je voulais éviter dans mon film. C’est un regard condescendant, confortablement installé dans son élitisme, tout ce que je méprise...

Parlez-nous de cette rencontre entre Alain et Marion…
Je préfèrerais le chanter mais bon…je ne sais pas… Dans une chanson récente de Christophe il y a ces vers que j’aime beaucoup : « Car les choses les plus belles au fond restent toujours en suspension…». En fait, pour parler psychologie des personnages je me sens vite mal à l’aise… En écrivant je n’ai aucun point de vue théorique sur mes caractères. Je cherche des faits, des gestes, des « moments » ou s’incarnerait à l’image ce que les mots ne suffisent justement pas à dire.
Bref, je suis d’abord factuel, concret, je pars de là : il vaut mieux montrer que dire. Alain Moreau vit dans les lumières des bals, les musiques et les rencontres. C’est un homme seul qui chante l’amour mais ne le vit plus ou mal. Sa manager lui dit qu’il ne bouge plus assez, sur scène, qu’il doit se réveiller. Marion est jeune, belle et exigeante. Elle est agent immobilier, toujours en mouvement. En lui faisant visiter des maisons vides et silencieuses elle va le sortir de son univers. Entre eux ce sera un peu comme une danse, une histoire de distance, de frôlements, de regards et d’humour aussi. Si Alain a des choses à dire, elle a des choses à taire. Il a l’élégance de le respecter.
Ce qui les réunit c’est aussi une certaine façon d’aimer, ce refus de la lâcheté et de l’immobilisme. Cet instinct qu’il y a dans l’amour quelque chose de vital, d’indépassable, mais aussi forcément d’inachevé. Toute la vie s’évalue là : le désir et la solitude. Alors ils seront l’un pour l’autre une énergie nouvelle qui rendra leur existence plus dense, plus pleine, plus musicale et sensuelle.
Je pense à la paraffine qu’on répand sur la piste pour faire glisser les pieds des danseurs, à ce fragile et improbable nuage qui flotte un instant dans les lumières du dancing, en suspension. C’est très concret et pourtant impalpable, « en suspension ».

Pensez-vous à Gérard Depardieu, en écrivant ?

Oui. C’est l’acteur que je veux filmer depuis tout jeune. Il était pour moi ce qu’une rock-star était pour d’autres. Même si cela peut paraître naïf, je n’ai jamais douté que je tournerais avec lui. Je lui ai passé le scénario, il l’a lu et accepté. C’est simple.
Il savait que je ne m’embarquais pas avec une super star, mais avec un acteur, un point c’est tout. Le respecter commençait là. Il a compris que le personnage devrait s’incarner avec retenue. De toute façon il comprend tout...
Je n’ai pas eu envie qu’on « retrouve » Depardieu, comme j’ai commencé à l’entendre, mais qu’on découvre une nouvelle facette de son génie d’acteur. Il a été formidable sur le tournage, à la fois impliqué et inventif. Il sentait que Cécile, Mathieu et moi attendions tout de lui, qu’on ne lui lâcherait rien, jamais. Il s’est passé quelque chose… il a compris que ce moment avec lui était important dans nos vies. Je riais tellement quand il me disait entre deux prises : « Ah ! non… Paaaas de psychologie ! » Il pourrait dire comme Clint Eastwood : « Je le fais. C’est tout… ».
En fait, c’est Depardieu qui construit quelque chose à travers les metteurs en scène, et pas le contraire. Ceux qui ont cru faire une oeuvre avec des films où ils l’on fait jouer se sont faits avoir : c’est lui qui fait une oeuvre. Pour moi, il ne fait aucun doute que le cinéma est la chose la plus importante de sa vie.
On le sait tous : c’est un génie, le seul acteur qui peut donner au plus modeste des destins une dimension mythologique. Ses erreurs l’humanisent et ses provocations nous tendent la main, tout cela fait partie de son travail d’acteur : c’est son métier de vivre. D’ailleurs que serait le cinéma français sans lui ? Pour moi, Gérard a accouché du cinéma moderne et j’ai voulu qu’il me fasse profiter de sa liberté pour m’exprimer, avec mes moyens à moi.

En plus, il sait vraiment chanter !
Il n’était pas question de le doubler. Il ne devait pas chanter comme Sinatra, mais simplement bien, pro. C’est même dans le sujet du film. On est donc allé en studio pour essayer une liste de chansons cohérentes avec sa tessiture de voix. Et il y a tout de suite eu des évidences. Quand il a interprété Save the last dance de Mort Shuman, ou encore L’Anamour de Serge Gainsbourg… Il habitait les chansons, prenait leur espace. Il y avait une évidence, un contact de peau. Mais je n’ai pas envie d’en faire trop, ce serait à côté de la plaque. Je lui demandais de chanter comme un chanteur de bal, pas de faire un numéro. Et puis il était beau, avec sa mèche blonde enfin retrouvée et cette voix si singulière… Je crois aussi qu’il avait un peu peur. Il sentait qu’on était là pour l’observer sans complaisance.

(éléments de presse)


INTERVIEW DE GÉRARD DEPARDIEU

Comment Xavier Giannoli vous a-t-il présenté ce rôle ?
J’ai été surpris de rencontrer quelqu’un dans ce métier qui avait l’oeil clair, l’esprit vif, et qui savait de quoi il parlait, pourvu d’un amour immodéré pour le cinéma et la chanson. Xavier a une belle connaissance cinéphile. J’entends par là qu’il est éclectique, ouvert sur tous les genres et avec, en règle générale, un esprit critique et polémique que j’apprécie assez. Bref, un jeune homme avec du tempérament et un caractère apparemment très difficile, qui se révélera une conséquence de son implication. Ce qu’il fait ne ressemble vraiment qu’à lui, et c’est tout. Alors quand il m’a envoyé le scénario de Quand j’étais chanteur, j’ai accepté d’emblée. Il n’y a pas d’autre message à délivrer que l’énergie d’un jeune metteur en scène indépendant qui veut raconter des choses. Tout le reste est accessoire.

Qu’avez-vous pensé, alors, de l’histoire ?
Qu’elle était très belle et que son auteur connaissait son sujet. La justesse des dialogues m’ a rappelé un cinéma que j’aime, et sont empreints d’un respect plein de poésie pour les chanteurs de bal, en Auvergne ou ailleurs. Je n’y ai pas vu un regard parisianiste que beaucoup de jeunes metteurs en scène prétentieux auraient eu. Et puis je l’ai vu mener une équipe avec laquelle il semblait avoir l’habitude de travailler, plein d’une exigence qui n’était pas pesante.
Le fait de jouer un chanteur ne vous a pas effrayé ?
Alain Moreau est un homme qui aime les mélodies et les chansons. Il fait simplement danser les gens. Dans le cas présent, il n’était pas plus difficile d’interpréter du Gainsbourg, que du Christophe ou qu’un autre. Parce qu’il ne s’agissait pas de les imiter, mais de jouer Alain Moreau les interprétant avec ses moyens. Tant mieux, car il est plus difficile d’être Michel Delpech, qu’Alain Moreau chantant du Michel Delpech. La vraie chanson populaire, ce sont des poèmes. Dans La Femme d’à côté de François Truffaut, Fanny me dit: «Les chansons disent la vérité». Les apprécier à leur juste valeur requiert une grande sensibilité. Qu’Alain Moreau possède.

On a le sentiment que vous vous êtes livré dans ce film, comme vous ne l’aviez pas fait depuis longtemps ?
D’une manière différente, oui. Mais il y a des gens qu’on effraie, d’autres qui se servent de ce qu’on leur apporte… Je ne suis pas impressionnant. On impressionne que les cons. Quand les gens sont eux-mêmes, il n’y a pas de souci. Les parisiens n’ont plus de réalité, d’authenticité ou de mystère. Là, en aucun cas, Giannoli ne porte un jugement sur ceux qu’il filme. Il les aime comme un Jean Renoir les aurait aimés. Ce film, on en sort grandi, élevé. D’abord, cela nous fait plaisir. En partie grâce aux chansons, dont on appréhende mal l’importance. Et puis pour l’identité propre aux films d’auteur, où le point de vue anoblit le spectateur. Il s’agit tout de même de l’histoire d’un homme qui veut rendre les gens heureux. On ne fait pas plus beau ! J’ai été autant touché quand je l’ai vu que quand je l’ai lu. Notamment par l’intelligence de la mise en scène, de la rigueur sans lourdeur dans la construction dramatique du film. Les performances purement techniques dépendent de leur cohérence avec la situation. Quand celle-ci est forte, il n’y a pas besoin d’effets.

On dirait que la réplique : « Chaque fois, tout le monde pense que je vais crever et hop ! Ca repart… » a été écrite pour vous…
On est les premiers à se dire ce genre de chose. De toute façon, celui qui croit qu’il a du talent, il est mort. Ce ne sont plus les autres qui le font vivre. C’est selon la motivation qu’il mettra dans son travail qu’il survivra. Notre propre talent ne se voit que quand il nous échappe. Pareil chez un metteur en scène : s’il n’a pas d’amour dans sa démarche, celle-ci est plombée. Personne ne peut donner de grâce sans amour.

(éléments de presse)


INTERVIEW DE CÉCILE DE FRANCE
Comment Xavier Giannoli vous a-t-il présenté le rôle ?
Marion a été fragilisée par la vie. Elle a quitté son mari, ne voit pas souvent son enfant, préfère vivre à l’hôtel… Se protège, se cherche. Et quand on part à la recherche de soi, on fait forcément des rencontres. C’est ainsi qu’elle croise Alain Moreau, qui est carrément d’une autre planète. Mais elle sent quelque chose... elle sent en lui une certaine émotion, un oxygène et une fantaisie dont elle a besoin. Marion est sans doute touchée par le tact et la discrétion d’Alain. D’ailleurs, il fallait le vivre comme ça : tout en retenue, en nuances, taire les choses, les comprendre sans nécessairement en parler. Dès les premières prises, Xavier a freiné mes mouvements… Il fallait être sobre, laisser s’échapper ce qu’il cherchait.

C’est une histoire d’amour…
Particulière, oui... Ils vont s’entraider, se transformer. Après leur relation, qui arrive trop tôt ou trop tard on ne sait pas, plus rien ne sera comme avant. C’est un moment de vie, un moment privilégié qu’ils n’oublieront jamais. Ils savent que cela ne durera pas, et ne sont pas dans une réflexion pragmatique. Ils vivent un trouble…

Xavier n’a pas choisi par hasard le métier de Marion : agent immobilier ?
Bien sûr que non. Avec Alain Moreau, qui cherche une maison, ils vont se voir dans des espaces vides, des décors neutres où, par un mélange d’obligation professionnelle et de curiosité personnelle, elle a avec lui cette curieuse intimité. On sent d’ailleurs une progression dans les visites. Très vite on ne voit plus l’extérieur des maisons, ce n’est plus cela l’important. C’est leur relation. Il est élégant parce qu’il ne se prend pas au sérieux. Et rien ne séduit plus une femme que la vérité.

Et la chanson, dans tout cela ?
Ce que je trouve très beau, c’est la façon respectueuse qu’a Xavier d’aborder l’univers de la chanson populaire, dont mon personnage est au départ aux antipodes. L’art d’une chanson populaire est de parler de choses très compliquées avec des mots très simples. Comment expliquer qu’un morceau provoque des frissons, nous donne envie de danser… Sur le moment, on ne peut l’intellectualiser. On ne fonctionne qu’à l’instinct. Et il n’est pas innocent que Xavier se passionne pour ce petit monde, car il est ainsi : instinctif.

Etiez-vous touchée par la variété, avant le tournage ?
Pas plus que d’autres. Je connaissais Gainsbourg évidemment… Là-dessus, Marion et moi sommes assez proches. Et comme elle, j’ai évolué au fil du tournage. Les Paradis perdus (Christophe), j’ai accroché direct, dès la première note. En fait, il faut prendre le temps de les écouter, se laisser aller, envahir. L’Anamour par exemple, arrive très vite dans le film. On a pris le temps de tourner cette scène, qui arrive au moment où leur vie va prendre un chemin de traverse. Quand il chante et qu’elle danse, ce qui se passe entre eux est primordial. C’est là qu’elle entre dans son monde et se laisse séduire par ce qu’il est. Elle va aller au-delà de ses à prioris pour passer à autre chose. Et c’est justement parce que à priori rien n’est possible que tout va se passer. Comme dans la vie…

Avez-vous appréhendé votre rôle d’une manière particulière, du fait que votre partenaire était joué par Gérard Depardieu ?
Comme Marion se laisse aller avec Alain, je me suis laissée aller avec Gérard. Il m’a pris la main, et m’a emmenée avec lui. Il aurait pu faire son numéro «Gérard et son grand orchestre », mais non. J’ai eu un tel plaisir. On ne répétait pas, on se jetait dans le bain dès la première prise, sans répétition ni rien. Xavier recherchait ces moments rares où l’acteur, le personnage, la fiction, la réalité se rejoignent.

Vous aviez rencontré Gérard avant le tournage, tout de même ?
Non, justement. La première fois qu’on s’est vus, c’était lors de cette première scène où Marion et Alain se rencontrent, au bal du casino. J’avais un peu peur, mais je le sentais bien. En parlant avec Xavier, on savait bien que ce tournage serait placé sous le signe de l’exigence. Et Gérard était on ne peut plus investi dans son travail. Dès la première prise, ça a été magique. Je me suis dit que si tout continuait ainsi, ça allait être incroyable. Et ça l’a été.

(éléments de presse)

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