Rencontre avec Alain Chanone
L’invité de la rédaction
Alain Chanone, mondialement connu… à Clermont !
Sa vie est un film. Non, ce n’est pas une connerie. La vie d’Alain Chanone est vraiment un film. Depuis un coup de fil du réalisateur Xavier Giannoli, le chanteur de bal a vu sa vie portée à l’écran. Comble du bonheur, son personnage a été interprété par Gérard Depardieu. Qui de mieux que lui pour nous parler de sa vie de chanteur alors qu’arrive à grands pas la fête de la musique ?
Cheveux mi-longs péroxydés, bouille sympathique, grosse bague à l’annulaire droit et accent auvergnat prononcé, Alain Chanone, 60 ans, est reconnaissable entre mille… surtout en Auvergne. Il faut dire que depuis quarante piges, le crooner traîne de bals en discothèques, de restaurants en foires, de fêtes en repas un peu partout dans la région.
Car Alain Chanone est attaché viscéralement à sa région. « Ici, c’est chez moi. » C’est également « ici » qu’il découvre la musique : « J’étais en CAP de menuisier à Riom. Avec des copains on a décidé de monter un groupe dans le collège Quand on avait mangé le midi, on allait faire des reprises de Dutronc, de Delpech, de Ferrer. »
Quelques baloches à droite et à gauche, Alain file chez Michelin comme papa : « J’étais sûr d’avoir une paye tous les mois. Mais cela ne me plaisait pas. »
Après deux ans chez Bib, le voilà sur la route avec des orchestres régionaux. Un boulot vachement plus excitant. « A l’époque, il y avait des bals partout : dans les villages, les parquets-salons… Les jeunes n’avaient que ça pour s’amuser. »
En quelques dates
4 juin 1951 : naissance à Clermont-Ferrand.
1967 : monte un petit groupe de musique avec ses copains au CAP de Riom.
1971 : quitte Michelin et rejoint un orchestre de bal.
Septembre 2006 : le film inspiré de sa vie, Quand j’étais chanteur, sort dans les salles de ciné de l’hexagone.
Juin 2011 : sotie de son dernier album.« De me voir à l’écran ? Ça fait drôle ! »
Quelques mois plus tard, le batteur-chanteur rejoint l’orchestre Georges Michel, l’un des plus gros d’Auvergne. « On allait s’habiller à Paris chez l’Indien… On avait des cheveux longs, des vestes en lapin et quand on arrivait pour un concert, les gens étaient heureux de nous voir. Il y avait une telle ferveur… »
Pendant quinze ans, il enchaîne les représentations… et les excès. Jusqu’en 1986 où le corps dit stop : « On picolait et on fumait comme des pompiers. On se croyait indestructibles. Mais, mon corps était fatigué. Il fallait que je fasse une pause. »
Alain Chanone ouvre alors un bar place des Bughes à Clermont. Un bar ou plutôt un repaire de musiciens : « À cette époque, le Zénith n’existait pas. Tout se passait à la Maison des sports, à deux pas du bar. Si bien que tous mes copains musiciens venaient au bar boire un coup. »
La parenthèse durera trois ans. Avec deux trois potes, il décide de reprendre le micro. « Cela me démangeait. » Cette fois Chanone est la tête d’affiche et personne n’a oublié le bonhomme : « On se rappelait de moi. Je n’ai pas eu de mal à trouver des endroits pour faire des concerts. »
Le roi de la roucoule repart de plus belle. Les concerts se multiplient partout en Auvergne. Jusqu’à un coup de fil de 2004. « Bonjour, je suis Xavier Giannoli. Je suis réalisateur et j’aimerais faire un film sur les chanteurs de bal. J’ai vu sur votre site internet que vous êtes mondialement connu à Clermont… J’aimerais vous rencontrer. »
Giannoli débarque à Clermont à la rencontre de Chanone. Le courant passe. Si bien qu’après avoir rencontré 1 500 chanteurs de bal en France, le réalisateur veut faire un film de la vie du Clermontois.
La machine est lancée. Le chanteur narre sa vie à Xavier Giannoli. Puis le réalisateur suit Chanone caméra au poing pendant près d’un an. « Un jour il me téléphone et il me dit : « Ça y est, c’est signé. C’est Depardieu qui fera Alain Chanone ! On l’appellera Alain Moreau. Et le rôle féminin sera joué par Cécile de France. »
Le casting bouclé, voilà donc toute l’équipe du film pour deux mois et demi dans le Puy-de-Dôme. « Nous avons tourné à l’Aquarius de Pont-du-Château, au Casino de Royat, à la salle des fêtes de Ceyrat, au bar le SI SI SI de Clermont… »
Conseiller technique de Depardieu lors du tournage, Chanone apparaît également à l’écran : « Je m’appelle Philippe Mariani et je remplace Depardieu quand il a un petit problème vocal. »
Les surprises ne s’arrêteront pas là. À peine monté, voilà Quand j’étais chanteur sélectionné pour le festival de Cannes. Huit mois après la fin du tournage, Chanone prend donc la direction de Cannes : « Cela a été le moment le plus impressionnant. J’ai monté les marches avec toute l’équipe du film. Quel souvenir ! »
Il découvre aussi pour la première fois le film. « J’étais assis entre Depardieu et Cécile de France. Il y avait le gratin du cinéma dans la salle. Et ben, je peux te dire que cela fait drôle de voir sa vie sur grand écran : J’en menais pas large. »
Quand j’étais chanteur sera vu par près d’un million de personnes en France. Un bon chiffre, mais surtout un souvenir inoubliable pour le roi du baloche : « J’ai passé des moments extraordinaires. Je suis un privilégié. Peu de chanteurs de bal ont vu leur vie projetée au cinéma. »
Après le film, Alain Chanone a reçu pas mal de coups de fil. Surtout pour aller se produire aux quatre coins de France. « Je n’y suis pas allé. Je ne voulais pas m’éloigner de chez moi. Je suis bien ici. »
Aujourd’hui, la vie d’Alain Chanone colle toujours à celle de son double dans le film : une fête de la musique à Cournon, une fête de la Saint-Jean à Orcet… Et pour un moment encore. « Cela fait 40 ans que je chante et je n’en ai toujours pas marre ! J’aime chanter, je passe du bon temps, que demander de plus ! Je vais te confier un truc : normalement cette année, je suis à la retraite. Mais, je ne m’arrêterai pas. C’est sûr ! »
Il n’arrêtera pas et même mieux, dans quelques semaines, Alain Chanone sortira son dernier album. Un album de reprises et de compositions qui trouvera sa place dans tous les bacs… de Clermont.
Jean-Baptiste BOTELLA
Ses prochains concerts
Mardi 21 juin : fête de la musique avec son orchestre, allée du Gymnase Gardet à Cournon.
Vendredi 24 juin : fête de l’été à la cafétéria du centre commercial Cora à Lempdes.
Samedi 25 juin : fête de la Saint-Jean avec son orchestre à Orcet.
Samedi 2 juillet : repas des vacances au resto Le Relais de la Dore, à Peschadoires.